Crise du quart de siècle

« La vie va en avant et pas en arrière, il faut accepter que les choses ne seront plus jamais comme elles étaient. »

Entendu dans Brooklyn 99.

Mon fiancé, que je nomme plus couramment Doudou, n’a eu de cesse de me répéter depuis mes 25 ans que, franchement, le pire ce sont les 26 ans qui arrivent derrière. Et vas-y que ça se moquait de moi, et vas-y que ça remuait le couteau dans la plaie (alors qu’il a un an de plus que moi, quel culot). Et moi je me disais mais j’espère qu’il a tort, parce que je faisais la maligne genre balec’ je vis pleinement mes 25 ans et je les assume, mais en vrai je ne les vivais pas si bien que ça ! 

L’année de mes 25 ans a été une année pleine de changements, que ce soit dans ma vie ou dans celle de mes proches. Plusieurs d’entre eux nous ont annoncé l’arrivée prochaine d’un enfant et, pour moi, c’était genre ça y est : les meilleures années de nos vies sont passées, l’insouciance et tout ça c’est fini, c’est nous les adultes maintenant. D’un coup, BIM ! On se rend compte qu’on en est quasiment à la moitié de notre vie active, et ça fait drôlement bizarre. Fini toutes les réductions étudiantes et celles pour les –25 ans, fini le livret jeune, fini les menus à prix réduits. C’est comme si je m’étais rendue compte à ce moment-là que nous n’étions pas éternels, ni moi ni les autres, et qu’il ne me restait plus qu’à attendre la mort. DE-BI-LE la meuf. 

J’étais en poste dans un hôpital, avec un travail qui en théorie me plaisait, mais en pratique me pesait énormément. Cela faisait un an que j’étais diplômée, et ces difficultés au travail m’ont vraiment poussé à me remettre profondément en question. Est-ce que je suis vraiment faite pour ce boulot ? Est-ce qu’il ne faudrait pas que je me réoriente ? Mais merde, j’ai déjà loupé ma première orientation et fait trois ans d’études pour ne pas obtenir de diplôme, suivis de trois ans de formation d’Assistante Sociale, je ne peux pas m’être trompée à ce point ? Je ne vais pas tout recommencer maintenant, à 25 ans ? J’étais totalement perdue. 

Et puis j’ai arrêté ce job qui était devenu nocif pour moi, et là je me suis retrouvée au chômage, et c’était encore pire. Pire parce que je passais mes journées à regarder les annonces sur Pôle Emploi où il n’y avait rien d’intéressant dans mon coin, à regarder la télé et à jouer aux Sims (on ne juge pas ici merci). Donc pour ceux qui ne savent pas lire entre les lignes : je passais mes journées à me morfondre en pyjama dans le canapé. HY-PER GLAM’. Et c’était reparti de plus belle, je me demandais comment je pouvais être en âge de devenir une adulte responsable alors que je n’étais même pas capable de retrouver un travail qui me permettrait de m’assumer financièrement. Je me disais que jamais je ne pourrais faire d’enfants comme mes ami(e)s puisque comment je pourrais réussir à m’occuper d’un mini-doudou alors que je n’arrive même pas à m’occuper de moi. Et cette maison on ne la finira jamais si on n’a pas d’argent pour les travaux, et je n’en aurais jamais une à moi. Bref, l’horreur continuait. 

Et puis j’ai voulu reprendre un peu tout ça en main, on a décidé de se marier et j’ai trouvé un CDD de trois mois. On aurait pu penser que ma crise existentielle allait s’arrêter là, mais que nenni. Bah non, parce que le mariage c’est un putain de truc d’adultes, avec tout le stress que cela comporte. Et une fois de plus, je me disais que de toute façon, les meilleures années de ma vie étaient passées, finies, et que la mort arrivait à grand pas. N’imp, again. 

La relation aux autres change également, alors ce n’est pas le jour de nos 25 ans que ça se fait comme par magie, mais on se rend compte que la famille commence à écouter nos conseils, à nous prendre au sérieux. Avec les amis on parle de plus en plus prêts, travaux, éducation, le genre de sujet dont on ne se souciait pas vraiment à 18 ans (pas moi en tout cas). Et puis je fais des brunchs quoi ! Sérieusement, je fais des brunchs et il m’arrive de plus en plus de boire du vin rouge, si ça ce n’est pas un signe que je deviens adulte franchement, je ne sais pas ce qu’il vous faut. Mais je crois que ce qui m’a le plus fait mal, c’est quand je me suis rendue compte que je me réveillais vers 9-10h le week-end sans mettre de réveil, ou encore que je mettais 3 jours à me remettre d’une soirée arrosée jusqu’au petit matin avec les copains. Là ça pique.

En y repensant aujourd’hui, avec le recul, je me dis que ce n’était peut-être pas uniquement le fait d’avoir 25 ans qui a fait apparaître cette crise existentielle, mais une simple coïncidence qui a fait que ma vie a énormément changée plus ou moins à cette période. J’avais pris mon envol et quitté le nid familial quelques mois auparavant pour m’installer chez Doudou, je faisais le deuil de ma vie d’étudiante et de ma chambre chez papa-maman qui venait d’être récupérée par ma sœur qui grandit à une vitesse folle. J’étais devenue autonome, et même si c’est ce dont on rêve tous lorsqu’on est enfant/ado, il y a quand même tout un travail de deuil de notre vie d’avant à faire lorsque cela arrive.  

Et puis il y a également le monde dans lequel on vit qui est totalement incertain, je crois vraiment que notre génération (du moins une bonne partie) vit clairement avec l’angoisse de ne pas savoir de quoi sera fait demain. On voit les effets du réchauffement climatique, les effets de l’action de l’Homme sur la planète, et on se demande si on pourra toujours vivre dans de bonnes conditions dans quelques années. C’est une situation hyper angoissante, surtout lorsque l’on est une stressée de la vie comme moi, et ça met en colère aussi parfois, il m’a fallu un moment pour comprendre d’où venait cette colère et parvenir à la contrôler.

Aujourd’hui, maintenant que j’ai donné du sens à tout ça, que j’ai refait le point sur mes besoins, mes envies et mes projets, je me rends compte que finalement je suis exactement là où je voulais être à 26 ans lorsque j’étais plus jeune : un travail stable, une relation amoureuse saine, un mariage en préparation et l’idée de fonder une famille qui fait son chemin petit à petit. Et c’est normal que tout ça fasse peur, on passe de l’étudiante insouciante à la femme responsable, c’est un changement énorme.  

Alors finalement, les 26 ans ne sont pas si horribles que ça, au contraire, c’est pour moi le début d’une nouvelle vie.

Et vous, avez-vous déjà été confronté à ce genre de crise existentielle ?  Comment l’avez-vous géré ? Racontez-moi tout dans les commentaires ! 

3 réflexions sur “Crise du quart de siècle

  1. J’aime beaucoup ton article, et pour être honnête, bien que le sujet concernant les différents cap de la vie mérite une vrai réflexion, tes gif m’ont trop fait rire. Mais chaque étape est une expérience et permet de voir le chemin accompli;On se sépare de celle qu’on était et c’est jamais simple.

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